Log 18. Patrick Bateman
Pensée du jour : "Les ignorants sont bénis"
Fond Musical : Radiohead - Everything in its Right Place
Certains voient en couleur, je vois en noir et blanc. J'ai sans cesse l'impression de vivre à un degré différent des autres. Comme si la conscience du "Moi" qui me pousse à la réflexion était en vérité la source de tous mes maux. Je ressemble à ces artistes torturés qui ne font jamais de vieux os ou qui finissent par se couper une oreille. Tout doit être plus simple pour les personnes plus terre à terre. J'imagine qu'elles n'aspirent qu'à une carrière fructueuse, une vie de famille, une maison, un chien, vous voyez le tableau. J'aimerais profondément leur ressembler. Entrer dans le moule, être dans les normes, me contenter de ces choses matérielles. Et par conséquent ne plus ressentir ce manque de vibration, qui me fait culpabiliser : j'ai beaucoup de chances que d'autres n'ont pas, je ne devrais pas me plaindre, et pourtant c'est comme si un élément fondamental n'était pas là. Peut être suis-je un éternel insatisfait.
Mais je fais tout pour être comme eux. Je me fonds dans la masse. N'importe qui serait heureux de clamer haut et fort qu'il se démarque des autres, mais ce n'est pas mon cas. Au contraire, on ne sauvera pas le monde, alors je participe à ma façon à sa destruction, en m'en fichant complètement. Et en effet, tout est plus facile quand on marche dans le sens de la foule. Ca fait un bien fou, ça rassure, ça donne presque envie de gagner en importance dans la société. Mais coup de théâtre, ce n'est pas la solution miracle pour trouver le bonheur. Derrière le masque souriant, mon regard parle pour moi. Je travaille, mais il n'y a aucun but à atteindre au bout de ces journées. J'ai peut être besoin d'une révélation.
Je sais que tout peut basculer tout en restant pareil : il suffit pour cela de changer de regard. Un évènement viendra peut être me sortir de ce flottement qu'on appelle routine. J'espère qu'il se produira avant que j'y prenne goût, car ce serait la fin de ma quête de paix intérieure. Je serais alors devenu parfaitement inhumain. Mais ce n'est pas encore d'actualité. Je lutte toujours pour me comprendre, pour démêler les fils d'une pelotte de laine qu'on appelle "sentiments". Je me bats contre moi même pour ne pas me foutre de tout. Ca me demande beaucoup d'efforts de ne pas m'isoler.
Cependant, j'ai rarement été aussi entouré qu'en ce moment. A croire que mon costume est agréable aux gens. Le point positif c'est que certains d'entre eux valent le coup, réellement. Mais entre nous, je ne le mérite pas. Prenons le cas d'une des personnes les plus proches de moi. J'en parlais dans le log précédent, ainsi que de ma pseudo jalousie. Je ne mérite pas une amie comme elle. Une personne qui rayonne autant ne devrait jamais fréquenter une machine comme moi. Un jour, elle s'en rendra compte. Les gens réaliseront ma complexité, ils verront au grand jour ce que j'ai exposé dans tous ces écrits, et jugeront peut être même avant moi de qui je suis. Je me demande si un jour on dira de moi que je n'étais vraiment pas fait pour ce monde. A suivre ...
"Faites comme les pingouins : conformez vous.
Celui qui se démarque des autres est mis à l'écart et meurt dans le froid.
Les gens n'écoutent pas assez les paroles de Hip to be Square, mais ils devraient : elles ne font pas qu'évoquer les plaisir de la conformité, elles révèlent aussi l'importance des modes."
Patrick Bateman, American Psycho
Fin de transmission.