Log 31. Ashes to Ashes
Pensée du jour : "La peur ne peut se passer de l'espoir ... et inversement"
Fond muscial : Deftones - Digital Bath
Deux époques de l'année se suivent, deux parties de moi entrent en collision. Ces vacances, qui avaient débuté comme un simple prolongement des mois précédents, avec leur lot de soirées sans saveur, ont commencé à être utiles quand pour de bon je me suis laissé aller. Le but était simple : ne plus réfléchir, et au moins ça c'était réussi. Les moyens utilisés n'étaient certes pas très louables, mais vous savez ce qu'on dit "Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse". L'ivresse aidant justement, ainsi que la distance mise entre moi et Paris, mon entourage, une certaine fille ... je me déridais à vue d'oeil, une vraie cure de jouvence. Je me reconstituais, devenant certes quelque chose que je n'aimais pas, mais au moins j'avais la tête vide.
C'est à ce moment là que je fais une rencontre. Virtuelle, certes, mais tellement prenante. Les discussions que l'on entame alors plusieurs nuits d'affilées commencent à confirmer la tendance de l'été : tout ne va pas si mal. Qui l'eut cru, pas vrai ? Pas moi en tout cas, puisque je reste méfiant. Mais petit à petit, je constate qu'il n'y a rien à faire, ma fierté ne peut pas lutter facer à une fille comme elle. J'ai l'impression que mes paroles trouvent enfin un sens pour quelqu'un, qu'on me rattrappe par le col juste avant la chute pour me dire "T'es pas complètement fou, ou alors si tu l'es, c'est qu'on est deux". Quelle douce euphorie que de se laisser aller à une franchise enfouie depuis trop longtemps. Peu à peu, la confiance se fait une place dans ma vie. Nous sommes maintenant au mois d'Aout et je me surprends à avoir le sourire, et même à apprécier une semaine chez ma mère. Les discussions nocturnes se poursuivent, à ma grande surprise, et me donnent une force nouvelle. L'impression de pouvoir être apprécié pour ce que je suis vraiment, sans avoir à masquer mes démons. Et surtout l'impression de panser mutuellement nos plaies, de servir à quelque chose, d'aider quelqu'un qui ressemble de plus en plus à mon alter égo.
Puis le retour à Paris, à la routine d'un boulot qui m'apporte certes de quoi manger, mais qui vole des heures de ma vie, la rend plate, insipide. Les soirées sur la plage à fumer toutes sortes de trucs, les balades nocturnes à déblatérer des conneries et des blagues à trois sous, tout ça se transforme en souvenirs avant même que je m'en rende compte. La ville se referme sur moi. Le quotidien m'engloutit. En l'espace de deux semaines, je dois refaire face à tous ces gens qui s'agitent devant moi. Et merde, où j'ai rangé mon costume de mec normal déjà ? Je veux retourner en vacances sur un bateau pirate, fumer des spliffs avec le cercle des poêtes disparus. J'aurais voulu éviter de redevenir amer, mais c'est quand on est le plus entouré qu'on se sent le plus seul, pas vrai ? Je n'ai que faire de la pluie, des journées qui tirent en longueur et des week ends que j'appelle de mes voeux. Je veux continuer à vivre pleinement, à être moi même en envoyant chier ceux à qui ça plairait pas.
Et je connais quelqu'un avec qui ce serait chouette de faire ça. Une fille avec qui j'ai discuté pendant de longues nuit. On dirait que c'était il y a un an déjà, dans une bulle d'euphorie et de spontanéité. Mais ici c'est la réalité, et comme d'hab je me sens paumé. Je pourrais peut être revoir une de mes ex, ou faire la tournée des bars avec mes potes. Ce serait distrayant, comme avant. Mais pas satisfaisant. J'ai entrevu un truc, cet été, qui m'a donné un putain de sourire. J'ai rencontré une dreadeuse complètement folle qui m'a tiré vers le haut. Mais je suis un cas, un sosie déclassé d'héros de BD en imper, les pieds dans la boue et la tête dans les nuages. Mes exigences sont sans fin comme dirait l'autre, et au moment où je vous écris, j'ai peur de ce que je souhaite et des espoirs ennivrants qui dorment en moi ...
"Je bois à en crever, et peu à peu j'en crève
Comme ont crevé mes rêves
Quand l'amour m'a trahi
Je bois à m'en damner, le foi comme une éponge
Car le mal qui me ronge
Est le mal de l'oubli"
Charles Aznavour, Je Bois
Fin de transmission.