Log 07. Innocence
Pensée du jour : "La vie : adaptation continue de relations internes à des relations externes"
Fond musical : Bang Gang - Inside
Je vis en
perpétuel décalage. Hier en arrivant chez moi, j’apprends qu’un événement a eu
lieu Gare du Nord, endroit où je me trouvais environ trois quarts d’heure plus
tôt. Deux contrôleurs étaient en train de vérifier le titre de transport d’un
type, lorsque celui ci, n’étant visiblement pas en règle, s’est énervé et s’est
mis à frapper l’un d’eux. Dès lors, tout s'enchaîne à un rythme hallucinant. Un
groupe de policiers arrive et maîtrise le boxeur, mais voilà qu'une bande
d'enragés se jettent sur eux à leur tour. En à peine 3 minutes, voilà que tout
ce petit monde se cogne dessus. En apprenant la nouvelle, je reste muet, comme
fasciné par cette situation qui, je ne te tarde pas à m'en rendre compte, ne
m'étonne plus tant que ça. J’apprends seulement aujourd’hui que cette bagarre
s’est transformée en émeute. Est-ce vraiment la réalité, ou juste une sorte de
mauvaise blague qui a oublié d'avoir une chute ? J'aimerais me dire que je suis
loin de tout ça, que finalement ça ne me touche pas, mais je ne peux renier le
cran d'arrêt qui dort dans mon sac à dos depuis 6 mois. La sécurité n'est
qu'une illusion, et même si j'y pense ce soir, je ferai à nouveau semblant de
l'accepter demain.
Je crois
au retour de la barbarie. Mais pas seulement. Je crois aussi à l'instoppable
ascension de la vulgarité. Aujourd'hui, les filles se sentent mal si elles ne
ressemblent pas à une Suicide Girl. Ca prouve à quel point ces pauvres connes,
fières de s'exhiber pour se prouver qu'elles existent, sont devenues un
standard. C'est tellement hype de se dénuder pour attirer l'attention. C'est la
mort du naturel, le règne d'une nouvelle génération de prostituées : celles qui
dévoilent leur quasi nudité, sans même rien demander en échange. Ces filles me
dégoûtent, et elles ont de plus en plus d'influence sur les autres. Heureusement, il en reste encore qui gardent leur identité. De plus en plus, je pense que l'homme à atteint son stade
d'évolution le plus élevé. Désormais, il entame sa régression et m'encourage à
rester une machine. Pourtant la violence et la vulgarité me semblent loin ce
matin, tandis que je partage mon petit déjeuner dans un café avec Miss 1. Un
moment de simplicité, où tout coule de source. Je me demande si ce moment n'est
pas qu'un tableau, une oeuvre abstraite.
La
question du jour : Je me la suis posée en rentrant chez moi. Tandis que je
marche avec un son de Air dans les oreilles, je croise un jeune papa et son
fils de 4 ou 5 ans. Je me demande alors si j'aurai des enfants un jour. Puis
cette interrogation me vient à l'esprit : est-ce vraiment un acte réfléchi que
d'avoir un enfant dans la société actuelle ? N'y a-t-il pas une part d'égoïsme
dans le fait d'offrir un être à ce monde en pleine chute libre ? Dans combien
de temps les vestiges de morale qui nous restent partiront-ils en fumée ? Je ne
pense pas valoir mieux que les autres, je pense que cette société m'oblige à me
protéger derrière une armure. Je n'accuse personne, je constate. Je pense que
nous sommes la dernière génération capable de créer.
"J'ai
tellement l'habitude d'imaginer les choses comme sur un écran de cinéma, à voir
les événements et les gens comme s'ils faisaient partie d'un film, qu'il me
semble soudain entendre jouer un orchestre, voir littéralement la caméra
s'approcher en travelling et tourner autour de nous, tandis que des feux
d'artifice éclatent au ralenti dans le ciel."
Patrick Bateman, American Psycho
Fin de transmission.