Log 20. Perte sans fracas
Pensée du jour : "Sois fier de ce que tu es, même si tu ne l'as pas souhaité"
Fond musical : Todd Rundgren - Can We Still Be Friends
Mes parents vont se séparer. Après toutes ces années passées à faire le tampon entre eux deux, chacun essayant de me faire prendre parti dans leurs disputes sans fin, je devrais me sentir soulagé. Pourtant je me sens plutôt désorienté. Il faut savoir que je n'ai jamais compris comment ces deux personnes ont pu me donner la vie. Je ne les ai jamais connu amoureux, je n'ai jamais vu aucun signe de tendresse entre eux, alors comment imaginer qu'ils aient pu un jour s'accorder pour faire un enfant. D'ailleurs, quitte à en parler dans un article, autant être franc jusqu'au bout, mon père s'est toujours moqué de mon éducation. Et je pense que c'est cette absence d'union entre mes parents d'une part, et d'image paternelle d'autre part, qui a contribué à faire de moi quelqu'un d'hypersensible pendant mon adolescence. J'ai toujours aimé considérer que j'avais acquis mes valeurs par moi même, pourtant je dois bien l'avouer : s'il n'y avait pas eu tous ces non-dits, cette ambiance pesante à la maison, ces violentes disputes, les dépressions à répétition de ma mère ... S'il n'y avait pas eu tout ça, j'aurais sûrement été quelqu'un d'autre. Quelqu'un de meilleur ? Dieu seul le sait.
Quoi qu'il en soit, je vois mon père tenter de venir vers moi. Il me considère comme un adulte maintenant, et espère passer du temps avec moi pour savoir qui je suis devenu. S'il savait seulement tout ce dont je suis au courant à son sujet. Il croit que c'est plus simple de s'intéresser à moi, maintenant qu'il n'y a plus d'éducation à donner. Le seul sentiment que je peux avoir à son égard désormais, ce n'est même pas de la colère, mais tout juste de la pitié. L'existence même de ce blog prouve à quel point j'ai besoin de travailler sur moi même pour acquérir un peu de paix, de sérénité. Mais je sais que ce travail ne sera pas vain. A terme, je vaudrai mieux que lui.
Pour ce qui est de ma mère, depuis longtemps j'ai l'impression que c'est moi qui suis responsable d'elle. Ca faisait un lourd fardeau sur les épaules d'un adolescent, mais peu à peu j'ai appris à me détacher de ça, à profiter de ma propre vie sans me sentir coupable. La seule chose qui me préoccupe désormais dans cette séparation, c'est l'aspect matériel. Je veux qu'elle ne manque de rien, je pense que je lui dois bien ça. Au passage, ce sera l'occasion de profiter de tout ça pour prendre mon indépendance et m'installer. Je crois que ce qui m'a désorienté, c'est surtout la manière brutale dont j'ai appris tout ça. Mais en y réfléchissant, je pense que chacun va y trouver son intérêt. Il fallait que ça finisse un jour de toute façon. Quand j'y pense, je ne compte plus les amis que j'ai dont les parents sont séparés. Je crois simplement que, même à 22 ans, ça fait toujours quelque chose. Je ne leur en veux pas, même s'ils sont en partie responsables de mes cicatrices. je suis quelqu'un d'entier désormais. Je ne suis plus l'adolescent hypersensible, bien au contraire.
"Mon but dans l'existence, ce n'est pas de charmer la société.
Je suis vraiment sympa et gentil. Ca tourne
toujours mal. Je vois une personne avec qui j'aimerais être ami (tout
le monde, en fait), et, tout à coup, je me dis que ce serait pareil
qu'avant, car les gens se foutent pas mal de moi. Alors je balance un
truc méchant, ou je ne dis rien du tout et je m'en vais. Le malheureux
ne comprend pas ce qui se passe. Il ne se rend pas compte que je viens
de décider que je ne l'aime pas. Qu'est-ce qui cloche avec les gens ?"
James Dean
Fin de transmission.